Les jungles et autres désordres ordonnés de Caroline Veith
Bien que l’écriture plastique de Caroline Veith se veuille automatique, elle n’en reste pas moins habitée par un vocabulaire graphique et pictural qu’elle a intériorisé. Que ce soit consciemment ou pas, importe peu. On retrouve en effet dans ses peintures et ses dessins un graphisme qui s’apparente à celui des formes rompues et dispersées du Guernica de Picasso (1937), mais aussi à celui de personnages enfantins et de motifs végétaux dessinés avec la précision d’un enlumineur, qu’un Dubuffet n’aurait pas reniés. C’est dans cette double identité (automatisme au sens où l’entendait Breton et maîtrise de l’exécution) que s’élabore l’œuvre de Caroline Veith sur des supports papiers (parfois marouflés sur toile) et des calques qui sont à la fois transparents et opaques comme ses “théâtres de mémoire” (Jungle, Désordre, Joyeux drilles). Si le noir et blanc préside dans ses peintures, n’y voyez pas un refus de la couleur et de sa séduction immédiate. Lorsque rouge, vert et bleu s’insinuent dans ses compositions, ils n’ont d’autre rôle que d’accentuer la tension et la lumière contenues dans les noirs et blancs et peut-être d’animer, sur un mode solaire, son peuple de personnages graffités, dont certains aux têtes surdimensionnées directement reliées à leurs jambes en pleine course semblent fuir le cadre du tableau. Humour de l’artiste qui sait bien que même nos personnages les plus intimes nous échappent.
Catherine Cazalé Critique d’Art – Tatourag.com Paris, 8 janvier 2011
Vous pouvez retrouver Caroline sur son site internet à l’adresse www.caroline-veith.com.